Traditions

LA DÉSALPE

En des temps anciens, les teneurs de montagnes passaient l’été à l’alpage avec un troupeau de quarante à cinquante vaches, leur permettant de fabriquer un fromage par jour, voir plus durant les premières semaines d’alpage. Certains louaient alors des vaches pour composer un beau troupeau. Aujourd’hui encore, les paysans mènent leur troupeau à l’alpage durant la belle saison, afin de profiter de l’herbe présente. Au village, on en profite pour amasser le foin qui nourrira le troupeau en hiver. En automne, à la fin du mois de septembre, quant les hauts pâturages sont broutés, le troupeau redescend en plaine. C’est la désalpe (ou la rindya, en patois). Comme à l’époque, tout est préparé telle une grande fête. Les vaches sont particulièrement bichonnées. On leur pend des clochettes, on les fleurit, et on orne les plus belles d’un buisson noué sur la tête. Une partie du troupeau porte également les sonnailles (grosses cloches) portant les initiales du propriétaire. Quant tout est prêt, les armaillis revêtent leur bredzon, le capet et le beau loyi (poche à sel). La canne à la main, ils guident ces vaches qui savent qu’elles sont prêtes pour le grand voyage. Au village, les réjouissances du retour se préparent …

LA BÉNICHON

La Bénichon est une fête fribourgeoise qui célèbre la fin des grands travaux agricoles. La plus importante a lieu le 2ème week-end de septembre. Cette fête, qui a un peu perdu aujourd’hui de son aspect “fin des grands travaux agricoles” n’en demeure pas moins une tradition dans une majorité des familles, où elle est une bonne occasion d’en réunir tous les membres autour d’un bon repas. Dans le mot Bénichon, il y a bénédiction. Pas celle des gastronomes à la béatitude repue, mais celle des paysans. Le menu à rallonges, pour les familles réunies, consacrait le retour des troupeaux dans la ferme de plaine et la fin des moissons. En ripaillant, on rendait grâce à Dieu de l’abondance de l’année agricole… C’est peu dire que la maîtresse de maison mettait alors les petits plats dans les grands. Le rituel automnal enchaînait la cuchaule dorée tartinée de moutarde de Bénichon, la soupe aux choux, puis le boeuf bouilli, le ragoût de mouton et ses poires à botzi (une variété tout juste mûre pour l’occasion), les délices de la borne, le gigot de mouton, les fromages de l’alpage, les meringues et la crème double, le café et les digestifs maison, escortés des pâtisseries, cuquettes, merveilles, bricelets, pains d’anis et cuisses-dames… Et après cela, tous sur la balançoire ou sur le pont de danse ! – Pierre Thomas